Villégiature
Quand les lilas sont blancs, que roses sont les roses,
Combien j'aime à rêver, le soir en mon jardin,
Mollement étendu, langoureux paladin,
Dans l'herbe, à la faveur d'un ciel aux clartés roses.
Là, j'écoute la brise avec ses folles proses,
Ou le sifflet moqueur de quelque nid badin,
Cependant que j'oublie, étrange citadin,
La ville et sa rumeur énorme et ses névroses.
Aux sentiers que je foule, à la source où je bois,
Sous la verte et tranquille ascension des bois
Où rôdent les parfums de vos branches, pinastres,
Je suis heureux : l'ombre est divine, tout s'endort,
Et je me prends à voir surgir, phalange d'or,
Dans la nuit de mon coeur des vers qui sont des astres.