LA CITÉ DE CHAMPLAIN
Assise sur un roc où notre espoir se fonde,
Tu mires ta grandeur dans la vague profonde
Du fleuve Saint-Laurent;
Tes vieux créneaux noircis par la poudre et la flamme
Ont l'air de regarder s'envoler la grande âme
De Montcalm expirant!
Aux jours anciens, la voix de la mitraille
Sur tes remparts a retenti souvent;
Et l'étranger sur ta haute muraille
Peut lire encore ce poème éloquent.
Un siècle et plus, les enfants de la France
Ont répandu pour toi leur noble sang,
Mais délaissés par une vile engeance,
Ils t'ont perdue avec le drapeau blanc...
Depuis longtemps l'amour et l'harmonie
Ont remplacé les haines d'autrefois;
Et l'Angleterre avec art s'ingénie
A rendre heureux les rejetons gaulois.
Si dans ton sein la lutte recommence
Entre ces coeurs vibrant à l'unisson,
C'est une lutte où l'esprit, la science
Ont plus de part que l'éclat du canon!
24 juin 1885