LE JOUR DE L'AN
Douze sanglots ont vibré dans l'espace,
-Sont-ce les pleurs du lugubre beffroi?
-C'est l'avenir jetant à l'an qui passe,
Avec mépris, un adieu sombre et froid!
Un nouvel an, constellé de promesses,
Vient de surgir des vastes profondeurs;
Accordons-lui nos plus tendres caresses,
Car il promet d'ineffables bonheurs.
L'an dernier fut désastreux et terrible:
Il a semé partout tant de revers...
Il a changé-ce despote inflexible-
Nos rêves d'or en mille maux divers!
N'en parlons plus! Et saluons l'aurore
Du nouveau jour qui brille à l'horizon;
Que de nos coeurs parte un hymne sonore
Pour acclamer l'hôte de la saison!
Voyez là-bas, dans la pauvre chaumière,
Le malheureux amaigri par la faim:
Du nouvel an, il attend, il espère
Plus de bonheur et le morceau de pain!
Sous les lambris, où la pourpre rayonne,
Le riche aussi formule ses désirs:
«Bel an, dit-il d'un pur éclat couronne
Nos doux banquets, nos fêtes, nos plaisirs!»
Au saint autel, le prêtre vénérable
Pour le pécheur implore le bon Dieu;
Son chant d'amour-cri de joie admirable-
Comme l'encens monte vers le ciel bleu...
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Dès ce moment, oublions nos rancunes;
A l'ennemi présentons notre main.
Après les jours de noires infortunes,
Dieu nous réserve un heureux lendemain!