Au sommeil, en faveur de Claudine.
Sonnet 26.
Ô le plus doux espoir de la race mortelle,
Grand adoucissement des penibles travaux,
Qui commence nos biens, et qui finit nos maux,
Qui destruit nostre vie, et qui la renouvelle.
Si Claudine que j' aime, et qui m' est si fidele,
Veut passer de mon sein dans le sein du repos ;
Sommeil de qui le front s' ombrage de pavots,
Humecte les beaux yeux d' une nymphe si belle.
Grand amy de la nuit, grand ennemy du jour,
Apres ce long travail de la lice d' amour,
Produy ce doux repos dont Claudine est ravie.
Mais tandis que je veille, elle tombe, elle dort ;
Ses beaux yeux sont esteints, et n' ont plus d' autre vie
Que celle que l' on doibt au frere de la mort.