Souspir, sur le trespas d' une soeur de l' autheur.
Sonnet.
Pour monstrer comme il faut la grandeur de ma perte,
Je n' ay point de discours qui soient assez puissans ;
Ny ne possede point de langue assez diserte
Pour dire ma douleur comme je la ressens.
Il me suffira donc pour tesmoigner au monde
Le vif ressentiment d' une si triste mort,
Que mon ame souspire, et qu' accusant mon sort,
Je face de mes yeux une source feconde.
Vaine apprehension qui me venez saisir !
Si nous n' eusmes tous deux qu' un coeur et qu' un desir,
Nous goustons une vie, et plus pure, et plus belle ;
Car en dépit du sort dont je force la loy,
Je vis avec ma soeur dans la voute eternelle,
Et ma soeur vit encore icy bas avec moy.