Le souspir amoureux.
Sonnet 36.
Aimable confident de mon inquietude,
Enfant de mon amour, comme de mes douleurs ;
Compagnon des zephirs, ainsi que de mes pleurs,
Toy qu' on aime, et qu' on traitte avec ingratitude.
Pendant que je languis dans cette solitude,
Va t' en, souspir de feu, dire que je me meurs ;
Va convertir Claudine avecque tes clameurs,
Et rendre favorable une beauté si rude.
Apres ce témoignage et d' amour, et de foy,
Repose toy chez elle, ou revole chez moy
Sur les aisles du dieu qui te forme, et te guide ;
Mais, ô souffle trompeur ! ô demon decevant !
Dois-je esperer un bien qui soit ferme, et solide,
D' un petit dieu volage, et d' un souspir de vent ?