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 François Coppée. (1842-1908) Iii

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François Coppée. (1842-1908) Iii Empty
MessageSujet: François Coppée. (1842-1908) Iii   François Coppée. (1842-1908) Iii Icon_minitimeDim 1 Juil - 17:16

III
FUYANT donc ce spectacle aux mille bruits joyeux,
Olivier, le front bas, le chapeau sur les yeux,
Sortit, croyant gagner quelque coin solitaire.
La petite fleuriste, au riant éventaire,
Qui courut après lui, disant : « Fleurissez-vous! »
N'obtint du promeneur qu'un geste de courroux;
Car aux mauvais instants où l'espoir nous renie,
Les fleurs mêmes nous font l'effet d'une ironie.
Olivier, qu'un dégoût des hommes avait pris,
Chercha la solitude au milieu de Paris...
- Mais sur les quais déserts, derrière Notre-Dame,
L'ouvrier promenait son enfant et sa femme.
Sur les trottoirs les plus paisibles du Marais,
Le petit monde, assis dehors, prenait le frais.
C'était un jour de fête et de boutiques closes.
Pleins de chapeaux de paille et de toilettes roses,
Sur la Seine fumaient les bateaux à vapeur.
Dans les squares publics, la bonne et le sapeur
Commençaient sur les bancs l'idylle habituelle.
Pas d'humble carrefour, pas de triste ruelle
Qui ne servît aux jeux d'enfants endimanchés!
Des mariés d'hier, l'un vers l'autre penchés,
Allaient, l'homme tout fier et la femme un peu pâle,
Ayant encor la fleur d'oranger et le châle
De noce, et tous les deux très gênés de leurs gants

Olivier regagna les quartiers élégants
Pour s'isoler parmi l'épaisseur de la foule...
- Mais les nobles jardins, le vieux fleuve qui coule,
Là, tout était encor plaisir, bonheur, repos.
En haut des monuments, les grands plis des drapeaux
Se gonflaient dans le vent sur l'azur clair et libre.
Lorsque revenait l'heure où chaque clocher vibre,
L'espace s'emplissait d'un joyeux carillon.
L'Arc de Triomphe, au loin, doré par un rayon,
Brillait; et dans le ciel se cabraient des statues.
Du fond de leur calèche et de printemps vêtues,
Des femmes envoyaient un salut caressant
Aux cavaliers montés sur ces chevaux pur sang
Qui blanchissent le mors et dont la croupe brille.
- Enfin Paris, devant son immense famille,
Semblait heureux comme est à sa fête un aïeul.
Olivier toujours sombre, Olivier toujours seul,
Jusqu'à la nuit erra parmi la ville en fête,
Puis il rentra chez lui, le corps las et la tête
Lourde d'impressions et comme ivre de bruit.
Là, près de la fenêtre ouverte sur la nuit
Où passaient au lointain des chants et des risées,
Repoussant de la main ces lettres méprisées
Où plus rien ne restait alors qui lui fût cher,
Devant ce ciel d'avril, si paisible que l'air
Ne courbait même pas la flamme des bougies,
Le coeur trop plein, en proie à mille nostalgies,
Et sentant un sanglot monter en l'étouffant,
Le poète fondit en pleurs comme un enfant.
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François Coppée. (1842-1908) Iii
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