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 François Coppée. (1842-1908) 25 mai.

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François Coppée. (1842-1908) 25 mai. Empty
MessageSujet: François Coppée. (1842-1908) 25 mai.   François Coppée. (1842-1908) 25 mai. Icon_minitimeDim 1 Juil - 17:26

25 mai.
Vraiment, les braves gens! la bonne vie agreste!
Tant pis pour eux. Ici je me plais, et je reste.
La maison, aujourd'hui ferme, jadis château,
A bon air. Un fossé l'entoure; un vieux bateau
Plein de feuillage mort pourrit là, sous le saule.
Par l'étroit pont de pierre où la volaille piaule
Répondant à grands cris aux canards du fossé,
Et par la voûte sombre au cintre surbaissé,
On entre dans la cour spacieuse et carrée
Que jonchent le fumier et la paille dorée.
Avant le déjeuner, parfois j'en fais le tour.
Je regarde rentrer les bêtes de labour,
Gros chevaux pommelés, les pieds velus, la queue
Troussée, avec le lourd collier de laine bleue,
Le gland rouge à l'oreille, et le grossier harnais.
Je fus un paysan jadis, je m'y connais,
Je parle aux laboureurs, je leur dis ma recette
Pour extirper du blé la nielle et la luzette
Et que le temps humide est meilleur pour faucher.
La grosse cuisinière alors vient me chercher;
Je rentre dans la salle à manger confortable
Où je trouve Suzanne arrangeant sur la table
Les fruits de la saison dans un grand plat de Gien.
On déjeune gaîment. Quelquefois le vieux chien
Qu'on tolère au logis, car il n'est plus ingambe,
Vient poser en grondant sa gueule sur ma jambe
Pour avoir un morceau qu'il avale d'un coup.
En prenant le café, nous fumons, pas beaucoup.
Puis mes hôtes vont voir leurs travaux de campagne,
ils prennent le panier, et je les accompagne.
La voiture d'osier a trois places. Devant,
La chère blonde avec son voile brun au vent,
- Tandis que le papa maintient au trot Cocotte, -
Se retourne, voulant mettre dans la capote
Son parasol doublé de vert et ses bouquets.
Moi, derrière, occupant le siège du laquais,
Pour l'aider je m'incline, et je la touche presque.
- Et nous suivons alors un chemin pittoresque,
Où souvent, par-dessus les grands épis penchés,
Nous regardent de loin les pointes des clochers.


Qu'est Suzanne après tout? La première venue.
Oui, le type banal et joli, l'ingénue
Que ce bon monsieur Scribe employa si souvent.
C'est la pensionnaire au sortir du couvent,
C'est l'idéal bourgeois, la fillette étourdie
Qui sert au dénoûment de toute comédie
Et que l'on peut partout aisément retrouver.
- Soit! mais c'est l'innocence! Elle me fait rêver
A la candeur du lys, du cygne et de la neige.
Que n'ai-je encor seize ans! Oh! que n'ai-je, que n'ai-je
Des yeux purs pour la voir, un coeur pur pour l'aimer!
Fou que je suis!... Déjà je me laisse charmer.

Sa pureté me va jusqu'à l'âme; elle y crée
Le désir virginal de la blancheur sacrée.
Elle offre ce contraste, en causant avec nous,
D'un rire très joyeux avec des yeux très doux;
La bouche est d'un enfant, le regard est d'un ange.
Quand elle est au grand air, le moindre vent dérange
Ses cheveux blonds qui sont très fins et très soyeux;
Elle en a contracté ce geste gracieux
De porter une main à son bandeau rebelle...

Et l'on ne peut pourtant pas dire qu'elle est belle.
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François Coppée. (1842-1908) 25 mai.
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