III
Feuilles, tombez sous la fureur du vent
Et sous la pluie atroce de novembre.
Toute splendeur, à la fin, se démembre.
L'eau, trouble, perd son reflet décevant.
Ainsi s'en va tout mon bonheur d'avant.
Les doux retraits de mon âme charmée
Sont dénudés, sans oiseaux. L'avenir
Et mes projets, forte et brillante armée,
Sont en déroute à ton seul souvenir,
Ô ma maîtresse absolument aimée!
J'ai tant vécu dans ton charme énervant,
Comme nourri de gâteaux de gingembre,
Comme enivré de vétyver et d'ambre!
Et, rassuré, je m'endormais souvent
Sur tes beaux seins, tiède ivoire vivant.
Moi, j'aurais cru ta voix accoutumée;
Le sort brutal voulut la démentir.
Car il mentait ton long regard d'almée!...
Mais je n'ai pas, certes, de repentir,
Ô ma maîtresse absolument aimée!
Et maintenant, seul comme en un couvent,
J'attends en vain le sommeil dans ma chambre,
Ta silhouette adorable se cambre
Dans ma mémoire. Et je deviens savant
A m'enivrer des drogues du Levant,
Que ma ferveur soit louée ou blâmée,
Je veux t'aimer, n'ayant meilleur loisir.
Tu resteras en moi comme un camée,
Comme un parfum chaud qui ne peut moisir,
Ô ma maîtresse absolument aimée!
ENVOI
Monde jaloux de ma vie embaumée,
Enfer d'engrais, de charbon et de cuir,
Je hais tes biens promis, sale fumée! ...
Pour ne penser qu'à toi, toujours, où fuir,
Ô ma maîtresse absolument aimée?