A MADEMOISELLE RACHEL
Si ta bouche ne doit rien dire
De ces vers désormais sans prix;
Si je n’ai, pour être compris,
Ni tes larmes, ni ton sourire;
Si dans ta voix, si dans tes traits,
Ne vit plus le feu qui m’anime;
Si le noble coeur de Monime
Ne doit plus savoir mes secrets;
Si ta triste lettre est signée;
Si les gardiens d’un vieux tombeau
Laissent leur prêtresse indignée
Sortir, emportant son flambeau;
Cette langue de ma pensée,
Que tu connais, que tu soutiens,
Ne sera jamais prononcée
Par d’autres accents que les tiens.
Périsse plutôt ma mémoire
Et mon beau rêve ambitieux!
Mon génie était dans ta gloire;
Mon courage était dans tes yeux.