ELEGIES AU SOLEIL
Italie
ami de la pâle indigence,
sourire éternel au malheur ;
d' une intarissable indulgence
aimante et visible chaleur ;
ta flamme, d' orage trempée,
ne s' éteint jamais sans espoir ;
toi ! Tu ne m' as jamais trompée
lorsque tu m' as dit : " au revoir ! "
tu nourris le jeune platane
sous ma fenêtre sans rideau,
et de sa tête diaphane
à mes pleurs tu fais un bandeau.
Par toute la grande Italie,
où je passe le front baissé,
de toi seul, lorsque tout m' oublie,
notre abandon est embrassé !
Donne-nous le baiser sublime
dardé du ciel dans tes rayons,
phare entre l' abîme et l' abîme
qui fait qu' aveugles nous soyons !
à travers les monts et les nues
où l' exil se traîne à genoux,
dans nos épreuves inconnues,
âme de feu, plane sur nous !
Oh ! Lève-toi pur sur la France
où m' attendent de chers absents !
à mon fils, ma jeune espérance,
rappelle mes yeux caressants !
De son âge éclaire les charmes
et s' il me pleure devant toi,
astre aimé ! Recueille ses larmes,
pour les faire tomber sur moi !