ELEGIES ELEGIE PARTI !
Parti ! -fut-elle donc pour moi seule charmante,
Cette pure ignorance où me tint l' amitié,
Qui me cacha longtemps, peut-être par pitié,
Que j' étais née, hélas, pour mourir son amante ?
N' a-t-il jamais, jamais ressaisi la douceur
De ses troubles soumis à ma raison craintive,
Où je pleurais pour lui, confidente naïve,
Où pour lui pardonner je me faisais sa soeur ?
Quand il m' ôta ce nom, un désordre timide
Lia ma voix saisie et mes voeux confondus ;
Je n' osai plus répondre... ah ! Pour son coeur avide,
Que d' aveux ignorés ! Que de secrets perdus !
Si j' avais su parler ! Si quelque humain langage
Eût fait passer pour lui mon âme en mes discours,
Si son charme éloquent m' eût prêté du secours,
Il m' aimerait encor ! J' aimais trop... quel dommage !
Toi qui, sans me comprendre, as passé près de moi,
Quoi ! Tu cherchais l' amour, et j' étais devant toi !