ELEGIES L'ATTENTE
Quand je ne te vois pas, le temps m' accable, et l' heure
A je ne sais quel poids impossible à porter ;
Je sens languir mon coeur, qui cherche à me quitter ;
Et ma tête se penche, et je souffre, et je pleure.
Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j' écoute... et j' espère immobile ;
Et l' on dirait que Dieu touche un roseau débile ;
Et moi, tout moi répond : " dieu ! Faites-le venir ! "
Quand sur tes traits charmants j' arrête ma pensée,
Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur ;
J' ai froid dans mes cheveux, ma vie est oppressée,
Et ton nom, tout à coup, s' échappe de mon coeur.
Quand c' est toi-même, enfin ! Quand j' ai cessé d' attendre,
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras,
Je n' ose te parler, et j' ai peur de t' entendre ;
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l' obtiendras !