Un espoir sur moi.
Je ne voudrais pas pour une caresse
Jeter ma jeunesse
Au bras d'un vainqueur;
L'amour est un feu qui vite s'allume
Et trop tôt consume
Son adorateur.
Je voudrais n'avoir que robes nouvelles,
Chiffons et dentelles,
Corset de velours,
Être à tout propos d'une gaîté folle,
Pour que l'on raffole
De moi tous les jours.
Quoi de plus charmant qu'une femme blonde,
A la taille ronde,
A l'oeil vif et clair,
Qui dans les grands bals, coquette et gentille,
Rit, valse et babille,
Libre comme l'air.
Mais si l'on venait me dire à l'oreille
Qu'en se faisant vieille
La figure prend
Des plis sur lesquels, redoutable embûche,
La beauté trébuche
En chemin courant;
Que la jeune fille est comme une source
Qui file sa course
Au petit bonheur
Et finit toujours par aller se prendre
A quelque méandre
D'un fleuve enchanteur;
J'aurais, j'en conviens, quelque peu l'envie
D'aiguiller ma vie
Sur ces sentiments;
De jeter mon masque au nez d'Épicure
Et faire une cure
De mes errements.
Car on a beau faire et l'on a beau dire
C'est se contredire
Que nier l'amour,
Et je ne crois plus vraiment que l'on puisse
Garder un caprice
Pendant plus d'un jour.
C'est pourquoi si, moi, j'étais femme et belle,
Je serais rebelle
Pour un jour ou deux,
Et puis si quelqu'un revenait me dire
Que son coeur soupire
Pour mes jolis yeux,
Je ferais, un peu par accoutumance,
De la résistance
Jusqu'au lendemain,
Mais serais au fond la plus désireuse
Et la plus heureuse
De donner ma main.