Le tisserand
Quelle heure exquise, et calme, et mystique! Le mont
Sur le lac au repos profile une ombre grise
Où tremble le reflet des eaux et du limon
Aux pieds des nénuphars balancés par la brise.
Les bois se sont grisés de l'ardeur des midis
Dans le grand flamboiement errant sur les ramures,
Et voilà maintenant que les cieux attiédis
Sous les branches des pins multiplient les murmures.
Le jour meurt, de partout des parfums sont venus,
Montant, larges encens, de la forêt ravie,
Et le soir harmonique avec des airs connus
Berce amoureusement la nature assouvie.
Tu sais créer de la beauté, même en mourant,
Ô toi, foyer de vie et source de jeunesse,
Et tu restes, soleil, l'immortel tisserand
Qui parfile les nuits pour que le jour renaisse!