XIV
Si l'importunité d'un crediteur me fasche,
Les vers m'ostent l'ennuy du fascheux crediteur:
Et si je suis fasché d'un fascheux serviteur,
Dessus les vers (Boucher) soudain je me défasche.
Si quelqu'un dessus moy sa cholere délasche,
Sur les vers je vomis le venim de mon coeur:
Et si mon foible esprit est recreu du labeur,
Les vers font que plus frais je retourne à ma tasche.
Les vers chassent de moy la molle oisiveté,
Les vers me font aymer la doulce liberté,
Les vers chantent pour moy ce que dire je n'ose.
Si donq j'en recueillis tant de profits divers,
Demandes-tu (Boucher) dequoy servent les vers,
Et quel bien je reçoy de ceulx que je compose?