CXV
O que tu es heureux, si tu cognois ton heur,
D'estre eschappé des mains de ceste gent cruelle,
Qui soubz un faulx semblant d'amitié mutuelle
Nous desrobbe le bien, et la vie, et l'honneur!
Où tu es (mon Dagaud) la secrette ranqueur,
Le soing qui comme un' hydre en nous se renouvelle,
L'avarice, l'envie, et la haine immortelle
Du chetif courtisan n'empoisonnent le coeur.
La molle oisiveté n'y engendre le vice,
Le serviteur n'y perd son temps et son service,
Et n'y mesdit on point de cil qui est absent:
La justice y a lieu, la foy n'en est banie,
Là ne sçait-on que c'est de prendre à compagnie,
A change, à cense, à stoc, et à trente pour cent.