LIX
Tu ne me vois jamais (Pierre) que tu ne die
Que j'estudie trop, que je face l'amour,
Et que d'avoir tousjours ces livres à l'entour,
Rend les yeux esblouïs, et la teste eslourdie.
Mais tu ne l'entends pas: car ceste maladie
Ne me vient du trop lire, ou du trop long sejour,
Ainsi de voir le bureau, qui se tient chacun jour:
C'est, Pierre mon amy, le livre où j'estudie.
Ne m'en parle donc plus, autant que tu as cher
De me donner plaisir, et de ne me fascher:
Mais bien en ce pendant que d'une main' habile
Tu me laves la barbe, et me tonds les cheveulx,
Pour me desennuyer, conte moy, si tu veulx,
Des nouvelles du Pape, et du bruit de la ville.