Les Animaux Et Leurs Hommes, Les Hommes Et Leurs Animaux. (1920)
Préface. (1920)
Par Paul Éluard
Qu’une force honnête nous revienne.
Quelques poètes, quelques constructeurs qui vécurent jeunes nous l’avaient déjà
enseigné.
Connaissons ce dont nous sommes capables.
La beauté ou la laideur ne nous paraissent pas nécessaires. Nous nous sommes
toujours autrement souciés de la puissance ou de la grâce, de la douceur ou de
la brutalité, de la simplicité ou du nombre.
La vanité qui pousse l’homme à déclarer ceci est beau ou laid, et à prendre
parti, est à la base de l’erreur raffinée de plusieurs époques littéraires, de
leur exaltation sentimentale et désordre qui en résulta.
Essayons, c’est difficile, de rester absolument purs. Nous nous apercevrons
alors de tout de qui nous lie.
Et le langage déplaisant qui suffit aux bavards, langage aussi mort que les
couronnes à nos fronts semblables, réduisons-le, transformons-le en un langage
charmant, véritable, de commun échange entre nous.
Pour moi, rien ne me semble meilleur signe de cette volonté que ce poème écrit
depuis que je songe à cette page d’ouverture: