Dans une mansarde
3 mai 1930
Une mansarde en voit des choses
Qui ne sont hélas ! Toujours roses.
Croyez-en celui qui vécut
Sous le pauvre toit où s'abritent
Ceux qui dévorent quelques frites
Pour le centième d'un écu.
Mais la mansarde a son histoire
Et nul n'est obligé de croire
Qu'on peut y vivre très heureux
Lorsque notre désir s'essaime ;
Que l'on est pauvre et que l'on s'aime
En disant un « oui » tous les deux.
Voilà la superbe franchise
L'amour où seule l'h n'est mise ;
La caresse du gai printemps.
Quand, rencontrant certaine brume,
Qui comme soi rêve à la lune
Et dit : « Buvons à nos vingt ans ».
Tous les détails d'une débauche
Semblaient nous inculquer l'ébauche
Des vices de ce grand Paris.
La pudeur régnait en maîtresse
Et nos vains désirs en détresse
Firent de nous de vrais amis.
Le temps passe ; il est si rapide !
La vie est un monstre stupide :
Il est si court son long chemin
Qu'il ne faut vivre pour le monde.
Souvenir : ô ! Source profonde
Fais qu'hier ait un lendemain.
Honoré HARMAND