II
Le siècle où nous vivons est un siècle en délire,
Avait dit un poète à la puissante lyre.
Soufflant partout le vent des révolutions,
L'esprit voltairien, avec un rire infâme,
Veut jeter son poison dans l'âme
Et courber sous son joug le dos des nations.
Pauvre siècle qu'on nomme un siècle de lumière,
Où l'on voit, aux palais comme sous la chaumière,
Fermenter le désordre et le mépris des lois!
Où des bandits sortis des tripots et des bouges,
Hurlant sous leurs longs drapeaux rouges,
Jettent l'éclaboussure à la face des rois!
On les a vus les fils de ce siècle parjure,
La bouche vomissant le blasphème et l'injure,
S'attaquer à la main qui voulait les bénir;
On les a vus portant une main sacrilège
Sur ce que Dieu même protège,
Et qui disaient au Christ: Ton règne va finir!
Italie! Italie! ô terre infortunée!
Pendant le cours sanglant de cette longue année,
Que de ruisseaux de sang ont sillonné ton sol!...
Quel est l'audacieux dont la main inhumaine
A brisé ton bandeau de reine
Et dans sa rage osa te souiller par un viol?...