Le matin
À l'horizon, l'aurore
Vient d'éclore,
Comme un phare éclatant,
Et sur l'herbe arrosée
De rosée,
Sème un rayon flottant.
La flexible ramure
Qui murmure,
Salue le point du jour;
Dans leurs nids, les mésanges
Aux voix d'anges,
Semblent parler d'amour.
Le sapin qui soupire,
Verte lyre,
Se penche sur les eaux,
Et mire son humide
Pyramide
Au milieu des roseaux.
La sémillante ondine
Qui badine
Avec le flot qui rit,
Dans le miroir de l'onde,
Toute blonde,
Se regarde et sourit.
La sylphide vermeille
Qui s'éveille
Avec les papillons,
Vole, chante, babille
Et s'habille
D'un tissu de rayons.
Le gnome du rivage
Fuit sauvage
Devant un gai lutin
Qui, pendant qu'il sautille,
L' entortille
Dans un rets de satin.
Les messagers funèbres
Des ténèbres
S'enfuient dans les vieux murs,
Ou de leurs grêles ongles,
Sous les jongles,
Se font des trous obscurs.
Aux vagues odorantes,
Murmurantes,
Sous l'arceau des buissons,
La tendre Pilomèle
Chante et mêle
Ses plus douces chansons.
La blanche pâquerette
Dont l'aigrette
Luit au bord du sillon,
Semble appeler l'abeille
Qui sommeille,
Ou le frais papillon.
La nuit pliant ses voiles,
Des étoiles,
Le cortège s'enfuit;
La brume de l'aurore
S'évapore...
Debout: le soleil luit!