Le poète-bohême
L'égoïsme
Qui donc vient frapper à ma porte?...
Encor ce mendiant!... Encor!
Tu souffres, dis-tu?... Que m'importe
Tes souffrances?... moi, j'ai de l'or!
Que m'importe ta face blême?...
Pour vivre n'as-tu pas des bras?
Souffre, vilain bohême!
Souffre! et ne te plains pas!
L'amitié
Poursuis, enfant, ta noble route!
Il est des coeurs d'amis encor...
As-tu froid? as-tu faim?... Écoute!
Viens avec moi: voici de l'or!
Chante! Ton brillant diadème
Nargue le monde et les ingrats...
Chante, pauvre bohême!
Chante! et ne maudis pas!
L'amour
Transi dans ta pauvre mansarde,
Chante, poète aux rimes d'or!
Chante! car le bon Dieu te garde
Des fleurs et du soleil encor...
Chante au moins pour celle qui t'aime...
Écoute! on t'applaudit là-bas.
Chante, pauvre bohême!
Chante! et ne pleure pas!
Le poète
Ta voix me retient à la vie...
Merci! noble et sainte Pitié!
Oh! moi, c'est tout ce que j'envie:
Un peu d'amour et d'amitié.
Malheur à celui qui blasphème,
Quand il a ces fleurs sous ses pas!...
Oh! le pauvre bohême,
Lui, ne l'oubliera pas.