Sur sa tombe
Dix printemps n’avaient pas encore
Fleuri sur son front pâle et doux;
De ses grands yeux fixés sur nous
S’échappaient des rayons d’aurore.
L’enfance avec tous ses parfums,
Rayonnante comme un symbole,
Enveloppait d’une auréole,
Les ondes de ses cheveux bruns.
Sa petite âme, à la lumière,
Rose mystique, s’entr’ouvrait;
Auprès d’elle l’on respirait
Une atmosphère printanière.
Et cependant, reflet furtif,
Malgré la jeunesse et sa sève,
On pouvait voir le pli du rêve
Contracter son sourcil pensif.
C’était une fleur fraîche éclose
Qui sur sa tige se penchait;
Et la main qui s’en approchait
Craignait d’effeuiller une rose.
Souvent, -beaucoup s’en souviendront,
Malgré l’éclat de sa prunelle,
L’on croyait voir l’ombre d’une aile
Passer vaguement sur son front.
Puis, tout à coup, lueurs étranges,
Tout son visage rayonnait;
Ou eût dit qu’elle revenait
D’une entrevue avec les anges...
Hélas! tout n’est que vanité!
Tout eu ce monde est éphémère!
Et Dieu t’enlève, ô pauvre mère,
Ce trésor qu’il t’avait prêté!
Cette âme était une exilée
Sur celte terre et parmi nous...
Ce sont les chérubins jaloux
Qui l’ont auprès d’eux rappelée.
C’était, dans son prisme vermeil,
La goutte d’eau du ciel venue,
Et qui remonte dans la nue
Avec un rayon de soleil!