Oneille
I
Pourquoi, lorsqu’on parle de Québec, est-on toujours porté à dire « la
bonne vieille ville »?
Cela n’est certainement pas dû à ses traditions guerrières et
chevaleresques, ni à l’aspect grandiose de son site presque sans rival au
monde - pas plus qu’à la physionomie quelque peu rébarbative que lui
prêtent sa menaçante citadelle et sa longue ceinture de canons accroupis
comme des dogues.
Cela n’est pas dû non plus à ses ruelles étroites et tortueuses, où les
trottoirs ont l’air de se tasser le long des murailles pour laisser passer les
piétons sur la chaussée.
Non; ce titre de « bonne vieille ville », qui réveille on ne sait quelle
idée de bonhomie familière et douce, Québec le doit principalement aux
moeurs patriarcales, pour ne pas dire à l’allure un peu surannée de sa
population.