VI
Un jour, il entre dans le magasin de M. Renaud, au Palais, va tout droit à
la fenêtre du fond, qui donnait sur le port, et l’ouvre en disant:
- Monsieur Renaud, venez voir ce hareng-là!
M. Renaud s’approche.
- C’est du hareng, ça, monsieur Renaud! continue Burns, en indiquant
des barils qu’on est en train de rouler sur la jetée. Du hareng comme vous en
avez pas vu à Québec depuis longtemps, monsieur Renaud, prenez ma
parole! Pour la première fois que je vous sers, je veux que vous soyez
satisfait comme vous l’avez jamais été. Vous voyez ma goélette? Pleine,
Monsieur, pleine!... Y a longtemps que je veux vous vendre... Mon ami
Vincent Gagné, des Éboulements, et Pierre Godbout, de Matane, m’ont
souvent parlé de votre manière de faire les affaires, et je veux en faire avec
vous, monsieur Renaud. Je suis un honnête homme; vous aussi; on
s’entendra. Voyons, prenez-vous ma cargaison? Un et demi pour cent
meilleur marché que tous les autres pour vous! Je tiens à être un de de vos
fournisseurs, monsieur Renaud; ça y est-il?
- Combien de minots?