Pierre de Ronsard (né en septembre 1524[1] au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine[2]), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle.
« Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de l’épicurisme, est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, a touché aussi bien la poésie engagée et « officielle » dans le contexte des guerres de religions avec les Hymnes et les Discours (1555-1564), que l’épopée avec La Franciade (1572) ou la poésie lyrique avec les recueils des Les Odes (1550-1552) et des Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour Hélène, 1578).
Pierre est le fils cadet de Louis de Ronsard (chevalier qui accompagna les enfants de François Ier lors de leur captivité en Espagne en qualité de maître d’hôtel) et de Jeanne de Chauldrier. Il a étudié au Collège de Navarre à Paris en 1533. Il semblerait qu’il n’ait pas apprécié la vie rude de l’école médiévale.[réf. nécessaire]
Carrière en tant que diplomate
Il est page auprès du dauphin, François, puis de son frère Charles, duc d’Orléans. Quand Madeleine de France épousa le roi Jacques V d'Écosse, en 1537, Ronsard fut attaché au service du roi et passa trois années en Grande-Bretagne. En 1539, il retourna en France et entra à l’Écurie royale. Il est dans la compagnie du duc d’Orléans.
Le manoir de la Possonnière, où est né Pierre de RonsardCette fonction lui offrit l’occasion de voyager : il fut envoyé en Flandre puis de nouveau en Écosse. Bientôt une fonction plus importante lui fut offerte et il devint le secrétaire de la suite de Lazare de Baïf, le père de son futur collègue de Pléiade et compagnon à cette occasion, Antoine de Baïf. Il a été attaché de la même manière à la suite du cardinal du Bellay-Langey et sa querelle mythique avec François Rabelais date de cette époque.
Cette carrière diplomatique prometteuse fut cependant subitement interrompue, une otite chronique qu’aucun médecin ne put guérir le laissa à moitié sourd. Pierre de Ronsard décida alors de se consacrer à l’étude.
Naissance de la pléiade
Il choisit le Collège de Coqueret dont le principal était Jean Dorat, aussi professeur de grec et helléniste convaincu (qui fera partie de la Pléiade) qu’il connaissait puisqu’il avait été le tuteur de Baïf. Antoine de Baïf accompagna Ronsard ; Joachim du Bellay, le second des sept, les rejoignit bientôt. Muretus (Marc-Lavoine), passionné de latin, qui jouera un rôle important sur la création de la tragédie française, y était aussi étudiant à la même époque.
La période d’étude de Ronsard dura sept années et demie et le premier manifeste de ce nouveau mouvement littéraire prônant l’application des principes de la Pléiade a été écrit par Du Bellay. Défense et illustration de la langue française parut en 1549 : la Pléiade (ou Brigade, comme elle s’appelait à ses débuts) était alors lancée. Elle comprenait sept écrivains : Ronsard, Du Bellay, Baïf, Rémy Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle et Jean Dorat. Un peu plus tard, Ronsard publia ses premières œuvres en 1550 dans ses quatre premiers recueils Odes.
Les Odes et début de la gloire
En 1552, le cinquième livre des Odes fut publié en même temps que Les Amours de Cassandre. Ces recueils déclenchèrent une véritable polémique dans le monde littéraire. Une histoire illustre les rivalités et critiques qui existaient alors : on dit que Mellin de Saint-Gelais, chef de file de l’École marotique, lisait des poèmes de Ronsard de façon burlesque devant le roi afin de le dévaloriser. Cependant, Marguerite de France, la sœur du roi (plus tard duchesse de Savoie), prit à un moment le recueil des mains de Mellin et se mit à le lire, rendant aux poèmes toute leur splendeur : à la fin de la lecture, la salle était sous le charme et applaudit chaleureusement. Ronsard était accepté comme poète. Les deux poètes se réconcilièrent, comme l’indique le sonnet de M. de S. G. En faveur de P. de Ronsard.
Sa gloire fut subite et hors mesure. Sa popularité ne faillit jamais. En 1555-1556, il publia ses Hymnes. Il termina ses Amours en 1556 puis il donna une édition collective de ses œuvres, selon la légende à la demande de Marie Stuart, épouse du roi François II en 1560. En 1565, ce sont Élégies, mascarades et bergeries qui parurent en même temps que son intéressant Abrégé de l’art poétique français.
Pierre de RonsardEn 1563, poète engagé, il publie une Remontrance au peuple de France, puis une Réponse aux injures et calomnies de je ne sais quels prédicants et ministres de Genève, qui l'avaient attaqué pour sa défense du catholicisme.
L’Académie des Jeux floraux de Toulouse le récompense, en 1580, pour une pièce dans laquelle il chantait son aïeul Banul Mãrãcine, accouru des bords du Danube pour porter secours à « France, mère des arts, des armes et des lois. » Le peuple de Toulouse, estimant l'églantine, prix des Jeux floraux, trop modeste pour honorer « le poète français », lui envoya une Minerve d’argent massif de grand prix. Ronsard remercia le cardinal de Chastillon, archevêque de Toulouse, qui l’avait toujours admiré, en lui adressant l’« Hymme de l’Hercule chrestien ».
Le changement rapide de souverains n’altéra pas les traitements auxquels a droit Ronsard. Après Henri et François, c’est Charles IX qui tomba sous son charme. Il lui mit même des pièces à disposition dans le palais. Ce parrainage royal a eu quelques effets négatifs et l’œuvre demandée par Charles IX, La Franciade, n’égale pas le reste de l’œuvre de Ronsard, le choix fait par le roi (le décasyllabe plutôt que l’alexandrin) étant regrettable.
La mort de Charles IX ne sembla pas avoir changé les faveurs auxquelles il avait droit à la cour royale. Mais Ronsard, ses infirmités augmentant, choisit de passer ses dernières années loin de la cour, alternant ses séjours dans une maison lui appartenant à Vendôme, dans une abbaye à Croix-Val non loin de là ou encore à Paris où il était l’invité de Jean Galland, intellectuel du Collège de Boncourt. Il avait peut-être aussi une maison en propre au Faubourg Saint-Marcel. Il voyagea en Andalousie pendant trois mois, à Cordoue, où il trouva l’inspiration pour son poème Ode a l’Antiquité.
Dernière années
Ses dernières années furent marquées par la perte de nombreux de ses amis et son état de santé s’aggrava. Des souverains étrangers, dont la reine Élisabeth Ire d’Angleterre, lui envoyaient des présents. Malgré la maladie, ses créations littéraires restèrent toujours d’aussi bonne qualité et quelques-uns de ses derniers écrits sont parmi les meilleurs. Ronsard ne fit pas l’unanimité et on trouve des poèmes contre Ronsard dans la collection de manuscrits rassemblés par François Rasse des Nœux.
Ronsard meurt dans la nuit du 27 au 28 décembre 1585 au prieuré de Saint-Cosme, dont il était le prieur, et y est enseveli dans la crypte de l’église, aujourd’hui en ruine. Ronsard était également titulaire de Croix-Val en Vaudomois (paroisse de Ternay) et de Bellozane dans le diocèse de Rouen. Deux mois plus tard, il reçoit un hommage officiel au collège de Boncourt où ses funérailles solennelles sont célébrées à Paris le 25 février 1586, date anniversaire de la bataille de Pavie[3]. Toute la cour s’y presse, à telle enseigne que plusieurs dignitaires devront renoncer à y assister[4], et l’oraison est prononcée par son ami Jacques Du Perron et un Requiem de Jacques Mauduit composé pour l’occasion est exécuté par l’orchestre particulier du roi.
Regards sur l'œuvre
Ces poèmes lyriques qui développent les thèmes de la nature et de l’amour, associés aux références de l’Antiquité gréco-latine et à la forme du sonnet, constituent la partie vivante de l’œuvre de l’animateur du renouveau poétique que fut Pierre de Ronsard avec ses compagnons de la Pléiade et son ami Joachim du Bellay. Soutenu par Henri II puis Charles IX, Pierre de Ronsard a été célébré par ses contemporains mais déprécié par François de Malherbe et les Classiques puis oublié avant d’être redécouvert dans la première moitié du XIXe siècle par Sainte-Beuve et par les Romantiques.
Les Amours de Cassandre
Les Amours de Cassandre est un recueil de poèmes de Pierre de Ronsard de 1552. Il porte sur Cassandre Salviati, fille de Bernardo Salviati (un des banquiers de François Ier), une jeune italienne rencontrée par le poète, le 21 avril 1545, à Blois, dans un bal de la Cour. Ronsard ne pouvait épouser la jeune fille car il était clerc tonsuré. Elle épousa Jehan Peigné, Seigneur de Pray.
Sonnets pour Hélène
Sonnets pour Hélène est un recueil de poèmes de Pierre de Ronsard paru en 1578.
La Franciade
La Franciade est le titre du poème épique dont Pierre de Ronsard voulut doter la France à la demande de Charles IX mais qu'il n'eut pas la force d'achever. Après cet échec, Ronsard préféra se retirer au prieuré de Saint-Cosmes-en-l'Isle, étant de plus tombé en disgrâce à la mort de Charles IX et à l'accession au trône d'Henri III.
Rédigée en décasyllabes, le poème a pour thème l'histoire de ce Francien ou Francus, prétendu fils d'Hector, qui aurait été à l'origine de la nation française.
Anecdote
Botanique
Pierre de Ronsard (rose) : La « Pierre de Ronsard » est une variété de rose créée en 1986 par Alain Meilland. Elle présente de gros boutons de pétales blancs et roses et a l’allure d’une pivoine. Très prisée des décorateurs, elle a été récompensée, en 2006, par la Fédération mondiale des sociétés de roses.
Bibliographie
Les éditions collectives
D’après François Rouget :
1560 : in-16, comprend 24 pièces nouvelles.
1567 : in-4.
1571 : in-16 comprend 29 pièces nouvelles.
1572-1573 : in-16 comprend 1 pièce nouvelle.
1578 : in-16, comprend 238 pièces nouvelles.
1584 : la dernière publiée du vivant de l’auteur, comprend 32 pièces nouvelles.
1586 : édition posthume, comprend 30 pièces nouvelles
Éditions contemporaines
Paul Laumonier (puis R. Lebègue et I. Silver), Ronsard, œuvres complètes, Paris, STFM, 1914-1975.
Jean Céard, Daniel Ménager, Michel Simonin, Ronsard, œuvres complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, t. I, 1993- t. II, 1994
"Les Mascarades" de Pierre de Ronsard ont été illustrées par Edouard Pignon d'eaux-fortes en noir et en couleurs, pour le compte des Bibliophiles de France , 1976.
Ouvrages sur Ronsard et son œuvre
François Rouget, Pierre de Ronsard, Paris-Rome, Memini, Bibliographie des Écrivains français, n° 27, 2005
André Gendre, L’Esthétique de Ronsard, Paris, SEDES, 1997
Yvonne Bellenger, Lisez la Cassandre de Ronsard, Paris, Champion, Unichamp, 1997
Michel Simonin, Pierre de Ronsard, Paris, Fayard, 1990
Oliviert Pot, Inspiration et mélancolie dans les Amours de Ronsard, Genève, Droz, 1990
Yvonne Bellenger, La Pléiade. La Poésie en France autour de Ronsard, Paris, Nizet, 1988
Albert Py, Imitation et Renaissance dans la poésie de Ronsard, Genève, Droz, 1984
Daniel Ménager, Ronsard. Le Roi, le Poète et les Hommes, Genève, Droz, 1979
Henri Weber, « Autour du dernier sonnet de Ronsard : de la vieillesse à la mort, du cygne au signe », Mélanges Silver, 1974
André Gendre, Ronsard, poète de la conquête amoureuse, 1970.
Louis Terreaux, Ronsard correcteur de ses œuvres, Genève, Droz, 1968
Pierre Villey, Pierre de Ronsard, textes choisis et commentés, Paris, Plon, 1914
Marc Carnel, "Le sang embaumé des roses", Genève, Droz, 2004
(Source Wikipédia )
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J'adore les longs silences, je m'entends rêver...
James
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