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 Théodore de Banville (1823-1891) Molière chez Sardou

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Molière chez Sardou   Théodore de Banville (1823-1891) Molière chez Sardou Icon_minitimeDim 21 Aoû - 22:52

Molière chez Sardou


L'autre matin, Sardou, si fort pour assortir
Le faux au véritable,
Convoqua les esprits frappeurs, et fit sortir
Molière d'une table.

Oh! lui dit-il, esprit qui fuyais le roman!
Tes prunelles hardies
Voient Paris, tel qu'il a grandi: compose-m'en
De bonnes comédies.

Regarde. L'Institut, qui s'est toujours montré
Si bon fonctionnaire,
Se repose, et Littré, qu'il ne croit pas lettré,
Fait son dictionnaire.

Sur Dieu même, un trouveur d'amusettes, Renan,
Ose épancher sa bile,
Et parmi les diseurs de rien, certes, je n'en
Sais pas de plus habile.

About refait Balzac, audace à la Danton
Que la critique appuie,
Mais Balzac tout meurtri dit: J'étouffe dans ton
Fourreau de parapluie!

Crockett mord des lions et leur mange les dents:
Mais, pour charmer la ville
Aux dépens de Crockett, Hermann prend un ours dans
Les cartons de Clairville.

Melpomène, laissant au classique lambin
Ses tremblantes Électres,
A donné désormais sa pratique à Robin,
Qui la fournit de spectres.

Les hommes, ces menteurs, sont redevenus francs,
Et, sans nul stratagème,
Disent à leur idole: O pièce de cinq francs,
C'est toi seule que j'aime!

S'ils veulent que Cypris leur ouvre son verger,
Les gandins à barbiches
Achètent des cailloux comme en a Duverger,
Et les offrent aux biches.

Et l'Amour chante en vain ses plus vifs allegros
S'il ne met pour agrafe
Aux robes de sa belle un diamant plus gros
Qu'un bouchon de carafe.

Le Soleil, dieu jadis, est devenu goujat;
Il vend, il sophistique.
Chez Disdéri, chez Franck, chez Petit, chez Carjat
Il s'est fait domestique.

Il peint le sous-préfet, le sultan, l'hospodar,
Les nègres, les Valaques!
Même il cire au besoin les bottes de Nadar
Et lui lèche ses plaques.

Vois à quel siècle étrange, adorable et malin,
About et moi, nous plûmes!
Admire ces passants, mon ami Poquelin,
Et prête-moi tes plumes!

Ainsi parla Sardou. Molière interpellé
Dit d'un ton lamentable:
Si c'est pour voir cela que tu m'as appelé,
J'étais mieux dans la table.

J'ai mis dans mes tableaux tout ce qui vit de pain,
Éliante modeste,
L'Avare et le Jaloux et Tartuffe et Scapin
Et le sublime Alceste;

Et même Célimène aux dangereux appas
Et le Roi notre sire,
Mais Fagotin m'assomme, et je ne montre pas
Les figures de cire!
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Théodore de Banville (1823-1891) Molière chez Sardou
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