La turgescence de l’autoroute A4
Ceux qui viennent et ceux qui s’en vont
ne savent rien
sur la turgescence de l’autoroute A4.
Sur son odeur sauvage - de vieille putain
dont les yeux ont la couleur
de l’alcool médicinal -
odeur dans laquelle lévitent les routiers, le cou tordu,
et, comme une lèpre divine,
le niveau de vie.
Ils croient que la ville s’étend devant eux,
sa tête tranchée ricane sur le pare-brise.
(Mais ils ne voient pas, sur l’asphalte,
les hérons partir timidement à l’aveuglette,
s’acharner à faire sortir les sous coincés
dans le juke-box votif de la mort.)
Aux pompes, les recrues de l’essence rasent
les têtes des octanes.
Ils donnent un visage au coucher du soleil.
Ouvrent de leur couteau les jointures de la porte
et leur cou glisse sur la lame d’acier.
Et ceux qui s’en vont et ceux qui viennent
ne savent rien
sur la turgescence de l’autoroute A4.
Ils vivent un simple effet de tunnel.