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 Victor HUGO (1802-1885) Flamme au septentrion. C'est Vich incendiée.

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James
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James


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Victor HUGO (1802-1885) Flamme au septentrion. C'est Vich incendiée.  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Flamme au septentrion. C'est Vich incendiée.    Victor HUGO (1802-1885) Flamme au septentrion. C'est Vich incendiée.  Icon_minitimeDim 25 Sep - 17:32

Flamme au septentrion. C'est Vich incendiée.
Don Pancho s'est rué sur Vich au point du jour,
Pancho, roi d'Oloron, commande au carrefour
Des trois pertuis profonds qui vont d'Espagne en France;
Voulant piller, il a donné la préférence
A Vich, qui fait commerce avec Tarbe et Cahors;
Pancho, fauve au dedans, est difforme au dehors;
Il est camard, son nez étant sans cartilages,
Et si méchant, qu'on dit que les gens des villages
Ramassent du poil d'ours où cet homme a passé.
Il a brisé la porte, enjambé le fossé,
Est entré dans l'église, et sous les sombres porches
S'est dressé, rouge spectre, ayant aux poings deux torches;
Et maintenant, maisons, tours, palais spacieux,
Toute la ville monte en lueur dans les cieux.

Flamboiement au midi. C'est Girone qui brûle.
Le roi Blas a jadis eu d'Inès la matrulle,
Deux bâtards, ce qui fait qu'à cette heure l'on a
Gil, roi de Luz, avec Jean, duc de Cardona;
L'un règne à Roncevaux et l'autre au col d'Andorre.
Quiconque voit des dieux dans les loups, les adore.
Ils ont, la veille au soir, quitté leurs deux donjons,
Ensemble, avec leur bande, en disant: -Partageons!-
N'étant pas trop de deux pour ce qu'ils ont à faire.
En route, le plus jeune a crié: -Bah! mon frère,
Rions; et renonçons à la chose, veux-tu?
Revenons sur nos pas; je ne suis point têtu,
Si tu veux t'en ôter, c'est dit, je me retire.
Ma règle, a dit l'aîné, c'est de ne jamais rire
Ni reculer, ayant derrière moi l'enfer.-
Et c'est ainsi qu'ils ont, ces deux princes de fer,
Après avoir rompu le mur qui la couronne,
Brûlé la belle ville heureuse de Girone;
Et fait noir l'horizon que le Seigneur fait bleu.

Rougeur à l'orient. C'est Lumbier en feu.
Ariscat l'est venu piller pour se distraire.
Ariscat est le roi d'Aguas; ce téméraire,
Car, en basque, Ariscat veut dire le Hardi,
A son donjon debout près du pic du Midi,
Comme s'il égalait à la montagne immense.
Il brûle Lumbier comme on brûla Numance;
L'histoire est quelquefois l'infidèle espion:
Elle oublie Ariscat et vante Scipion;
N'importe! le roi basque est invincible, infâme,
Superbe, comme un autre, et fait sa grande flamme;
Cette ville n'est plus qu'un bûcher; il est fier;
Et le tas de tisons d'Ariscat, Lumbier,
Vaut bien Tyr, le monceau de braises d'Alexandre.

Fumée à l'occident. C'est Teruel en cendre.
Le roi du mont Jaxa, Gesufal le Cruel,
Pour son baiser terrible a choisi Teruel;
Il vient d'en approcher ses deux lèvres funèbres,
Et Teruel se tord dans un flot de ténèbres.
Le fort que sur un pic Gesufal éleva
Est si haut, que du faîte on voit tout l'Alava,
Tout l'Èbre, les deux mers, et le merveilleux golfe
Où tombe Phaéton et d'où s'envole Astolphe.
Gesufal est ce roi, gai comme les démons,
Qui disait aux pays gisant au pied des monts,
Sol inquiet, tremblant comme une solfatare:
-Je suis ménétrier; je mets à ma guitare
La corde des gibets dressés sur le chemin;
Dansez, peuples! j'ai deux royaumes dans ma main;
Aragon et Léon sont mes deux castagnettes.-
C'est lui qui dit encor: -Je fais les places nettes.-
Et Teruel, hier une ville, aujourd'hui
Est de l'ombre. O désastre! ô peuple sans appui!
Des tourbillons de nuit et d'étincelles passent,
Les façades au fond des fournaises s'effacent,
L'enfant cherche la femme et la femme l'enfant,
Un râle horrible sort du foyer étouffant;
Les flammèches au vent semblent d'affreux moustiques;
On voit dans le brasier le comptoir des boutiques
Où le marchand vendait la veille, et les tiroirs
Sont là béants, montrant de l'or dans leurs coins noirs.
Le feu poursuit la foule et sur les toits s'allonge;
On crie, on tombe, on fuit, tant la vie est un songe!

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J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James
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