James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152364 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Victor HUGO (1802-1885) Scène sixième les mêmes, Cyadmis, soldats, puis les gens du peuple Dim 25 Sep - 18:41 | |
| SCÈNE SIXIÈME LES MÊMES, CYADMIS, SOLDATS, puis les GENS DU PEUPLE.
CYADMIS, l'épée nue. Vite ! Tous sur lui !
Welf est saisi. Il se débat. On le garrotte. Le pont est occupé. Le burg est
envahi. La forteresse s'emplit de soldats portant des torches. Cyadmis regarde avec triomphe Welf enchaîné et silencieux.
Welf est pris !
LA MENDIANTE, joignant les mains devant Welf. Monseigneur ! ...
LES SOLDATS. Nous l'avons !
CYADMIS. Le sauvage est pris ! Gloire aux drapeaux esclavons !
Accourent les bourgeois et les paysans du commencement.
Ils se groupent autour de Welf prisonnier.
LE BOURGEOIS. Tiens, il s'est laissé prendre. Imbécile !
LE PAYSAN. Une grive Prise au miroir.
LE BOURGEOIS. Tant mieux.
LE VIEILLARD. Oui. Vive le duc !
L'ÉTUDIANT. Vive Le roi !
LE BOURGEOIS. Vive le pape ! LE PAYSAN. Et vive l'empereur ! LE VIEILLARD, regardant Welf garrotté. Je le croyais plus grand qu'un autre.
LE BOURGEOIS. Quelle erreur ! Il est petit.
LE PAYSAN, au bourgeois. Il n'est pas plus grand que vous n'êtes.
LE BOURGEOIS. Quelle idée avait-il de défendre les bêtes ? Les hommes, passe encor.
LE VIEILLARD. Tout au plus.
L'ÉTUDIANT. C'est un fou.
LE VIEILLARD. S'amuser à monter la garde au bord d'un trou ! C'est ridicule.
LE BOURGEOIS. Il est même laid. À tout prendre, Je le vaux. À bas Welf !
LE PAYSAN. Moi, j'irai le voir pendre.
LE BOURGEOIS. Je ne donnerais pas de sa peau deux écus.
Huées et ricanements autour de Welf.
WELF. Tant le rire est aisé derrière les vaincus !
LE POËTE, À WELF Tu fus grand, c'est pourquoi l'on t'outrage. Sois triste, Et pardonne. La foule ingrate et vaine existe, Elle livre quiconque est par le sort livré, Et raille d'autant plus qu'elle a plus admiré. Que ton souvenir reste à la sombre vallée, Qu'on entende pleurer la source inconsolée, Que l'humble oiseau t'appelle et te mêle à son chant, Et que le grand oeil bleu des biches te cherchant Se mouille, et soit rempli de lueurs effarées. Si la mer prononçait des noms dans ses marées, Ô vieillard, ce serait des noms comme le tien. Tu fus l'ami, l'appui, le tuteur, le soutien En haut, de l'arbre immense, en bas, du frêle arbuste ; Un jour les voyageurs sur ton rocher robuste Monteront, et, penchés, tâcheront de te voir, Vaincu superbe, au fond du précipice noir, Et leurs yeux chercheront ton fantôme sublime Sous l'entrecroisement des branches dans l'abîme.
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