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 Jean Auvray(1590-1633) AU ROY

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Jean  Auvray(1590-1633) AU ROY Empty
MessageSujet: Jean Auvray(1590-1633) AU ROY   Jean  Auvray(1590-1633) AU ROY Icon_minitimeDim 8 Jan - 21:45

AU ROY

Jeune Mars a qui les alarmes
Sont des plaisirs delicieux,
Puissent tes belliqueuses armes
Estonner la terre et les cieux,
Que la posterité (ravie)
Face confesser à l' envie
Qu' admirables sont tes exploicts,


Ton nom grossisse les histoires:
Et ne s' entretiennent les rois
Que du recit de tes victoires.
Que le rebelle trouble-sceptre
Puny de sa temerité
Sçache combien pese la dextre
D' un si grand monarque irrité,
Maudisse à jamais ce rebelle
Les boute-feux de La Rochelle:
Et que l' heretique insolent
En son malheur puisse comprendre
La grandeur du feu violent
Par l' abondance de la cendre.
Ecraze ces monstres superbes,
D' Hercule imitant les travaux,
Trempe les rozoyantes herbes,
Du noir venim de ces crapaux:
Et si ce crocodille pleure,
Te souvienne mon prince à l' heure,
Qu' en l' an cinq cens soixante et trois
Ceste abominable furie
Fit de tout l' empire françois
Une sanglante boucherie.
Grand roy ta clemence infinie
Meriteroit quelque guerdon,


Si le crime de felonnie
Estoit capable de pardon,
Et si d' un puissant coup d' espee
Une teste au hydro coupee
Les autres mouroient peu à peu:
Mais, d' une sept prennent naissance
Et ne faut gueres de ce feu
Pour faire un brazier de la France.
En fin ta douceur excessive
Tourneroit en rigueur pour nous,
L' ulcere souvent recidive
Quand les remedes sont trop doux,
Loüable est la misericorde:
Mais, aussi faut-il qu' on m' accorde
Que plus le serpent est nourry
Plus son venin est mortifere,
Et qu' il faut au membre pourry
Ou le couteau, ou le cautere.
Que du poinct où Phoebus devale
Chez Thetis pour faire l' amour,
Jusqu' où l' amante de Cephale
Ouvre la barriere du jour,
Et depuis la boüillante Affrique
Jusqu' où le nomade scitique
Roule ses taudis vagabonds,
En tel estime soient tes armes,


Qu' a jamais le nom des bourbons
Soit invoqué dans les alarmes.
Tu seras le miroir des princes,
Et desormais les plus grands rois
Ne gouverneront leurs provinces
Qu' au patron de tes justes loix:
Ta gloire sera sans seconde,
Et si l' on croit encor au monde
À la pluralité des dieux:
Les payens meuz de tes exemples
Terigeront en mille lieux
Autels, sacrifices, et temples.
Pourquoy non? Puis que tant d' oracles
Predisent tes futurs lauriers,
Et que l' on voit tant de miracles
Reluire en tes actes guerriers?
Phoenix des monarques de France,
Si la justice, et la vaillance
Mirent Hercule au rang des dieux,
Où sera ta grandeur auguste?
Y eut-il jamais sous les cieux
Un roy plus vaillant et plus justes?
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Jean Auvray(1590-1633) AU ROY
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