PLUME DE POÉSIES
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 Jean Auvray(1590-1633) STANCES

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Jean Auvray(1590-1633) STANCES Empty
MessageSujet: Jean Auvray(1590-1633) STANCES   Jean Auvray(1590-1633) STANCES Icon_minitimeDim 8 Jan - 23:02

STANCES

Si tost qu' un blond duvet m' eut sorty mollement,
Le dieu des amoureux sa charmeresse flame
Par mes yeux distila dans mon coeur doucement
D' où j' appris que le coeur est le siege de l' ame.
Car comme à son ormeau par un secret aimant
La vigne avec ses doigts mollement s' entortille,
Ou comme on voit le fer attiré par l' aimant,
Et par l' ambre doré une paille subtile.
Ainsi fut lors l' appast d' une jeune beauté,
Mon ambre, mon ormeau, mon aimant et mes charmes
Et je fus tellement d' un bel oeil enchanté
Que sans rendre combat je luy quittay les armes.
Mais depuis j' ay d' amour les fins tours descouverts,


Et de ce fin renard observé les alleures
Car les femmes jamais ne me prendront sans vert,
Fin, contre fin n' est pas bon à faire doubleures.
La femme est un prothée, un bois à tous accords,
Un polipe inconstant qui par tout se transforme,
Un moule à tout ouvrage, un habit à tout corps,
Une forme à tout pied un pied à toute forme.
Une boüette painte où le philtre est caché,
Un sepulchre blanchy plein de vers et de cendre,
Le pandore et l' escrin d' où coula le peché,
Bref, le gouffre où se perd tant de jeunesse tendre.
Quelles subtilités, quelles ruses, quels tours
N' invente point ce monstre à seduire les hommes?
Hé! Que nous sert d' en voir les preuves tous les jours,
Puis que plus les voyons, plus aveugles nous sommes.
Ces circes vont charmant nos sens si doucement
Qu' au fort de nos douleurs des plaisirs il faut feindre,
Et ravis par l' effort de cét enchantement
Nous sentons nostre mal, et n' oserions nous plaindre.
Ce pipeur animal nous voulant decevoir
Mille pieges trompeurs de ses beautés nous dresse,
Et si nature avoit manqué à son devoir
Avec l' aide de l' art ses deffauts il redresse.


De la le vermeillon et le tale estimé
Les rozes et les lys font croistre sur sa jouë,
Et d' iris blanchissant son poil est parsemé
Que le doux alener d' un zephire secouë.
Elle alleche nos sens d' un refus gracieux,
Et dédaignant souvent le bien qu' elle souhaitte
Porte l' amour au coeur et la colere aux yeux
Afin de mieux trancher de la fille secrette.
Plus elle est poursuivie et qu' elle voit mourir,
Un amant insensé: plus ceste desdaigneuse
Paroit fiere revesche, et ne veut secourir
D' un salubre appareil blesseure amoureuse.
Monstre luy les ardeurs de tes affections,
Fein de mourir le jour cent mille fois pour elle,
Elle mesprisera tes fortes passions,
Plus tu luy seras doux, plus te sera cruelle.
Mais si elle apperçoit que tu ne l' aymes point
C' est lors que de ton feu sa poictrine s' enflame,
Et plus tu cacheras la douleur qui te poinct
Plus elle monstrera la flesche qui l' entame.
Mais quoy c' est calculer tous les flambeaux des cieux
Le sable de la mer, les fleurettes d' erice,


Que tracer en ces vers d' un stille curieux
Du sexe feminin l' astuce et la malice.
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Jean Auvray(1590-1633) STANCES
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