ROSETTE
Sans respect pour votre printemps,
Quoi! Vous me parlez de tendresse
Quand sous le poids de quarante ans
Je vois succomber ma jeunesse!
Je n'eus besoin pour m'enflammer
Jadis que d'une humble grisette.
Ah! Que ne puis-je vous aimer
Comme autrefois j'aimais Rosette!
Votre équipage tous les jours
Vous montre en parure brillante.
Rosette, sous de frais atours,
Courait à pied, leste et riante.
Par-tout ses yeux, pour m'alarmer,
Provoquaient l'oeillade indiscrète.
Ah! Que ne puis-je vous aimer
Dans le satin de ce boudoir
Vous souriez à mille glaces.
Rosette n'avait qu'un miroir;
Je le croyais celui des Graces.
Point de rideaux pour s'enfermer;
L'aurore égayait sa couchette.
Ah! Que ne puis-je vous aimer
Votre esprit, qui brille éclairé,
Inspirerait plus d'une lyre.
Sans honte je vous l'avoûrai,
Rosette à peine savait lire.
Ne pouvait-elle s'exprimer,
L'amour lui servait d'interprète.
Ah! Que ne puis-je vous aimer
Elle avait moins d'attraits que vous;
Même elle avait un coeur moins tendre:
Oui, ses yeux se tournaient moins doux
Vers l'amant heureux de l'entendre.
Mais elle avait, pour me charmer,
Ma jeunesse que je regrette.
Ah! Que ne puis-je vous aimer