LES ROSSIGNOLS
La nuit a ralenti les heures;
Le sommeil s'étend sur Paris.
Charmez l'écho de nos demeures;
Éveillez-vous, oiseaux chéris.
Dans ces instants où le coeur pense,
Heureux qui peut rentrer en soi!
De la nuit j'aime le silence:
Doux rossignols, chantez pour moi.
Doux chantres de l'amour fidèle,
De Phryné fuyez le séjour:
Phryné rend chaque nuit nouvelle
Complice d'un nouvel amour.
En vain des baisers sans ivresse
Ont scellé des serments sans foi;
Je crois encore à la tendresse:
Pour vous il n'est point de zoïle;
Mais croyez-vous, par vos accords,
Toucher l'avare au coeur stérile,
Qui compte à présent ses trésors?
Quand la nuit, favorable aux ruses,
Pour son or le remplit d'effroi,
Ma pauvreté sourit aux muses:
Vous qui redoutez l'esclavage,
Ah! Refusez vos tendres airs
À ces nobles qui, d'âge en âge,
Pour en donner portent des fers.
Tandis qu'ils veillent en silence,
Debout, auprès du lit d'un roi,
C'est la liberté que j'encense:
Mais votre voix devient plus vive:
Non, vous n'aimez pas les méchants.
Du printemps le parfum m'arrive
Avec la douceur de vos chants.
La nature, plus belle encore,
Dans mon coeur va graver sa loi.
J'attends le réveil de l'aurore: