LA FARIDONDAINE
Instruction ajoutée à la circulaire de m le préfet
De police concernant les réunions chantantes
Appelées goguettes.
Avril 1820.
Écoute, mouchard, mon ami,
Je suis ton capitaine:
Sois gai pour tromper l'ennemi,
Et chante à perdre haleine.
Tu sais que monseigneur Anglès,
La faridondaine,
A peur des couplets:
Apprends qu'on en fait contre lui,
Biribi,
Sur la façon de barbari,
Mon ami.
Des goguettes, à peu de frais,
On échauffe la veine;
Aux apollons des cabarets
Paie un broc de Surène
Un aveugle y chante en faussant
La faridondaine
D'un ton menaçant.
On néglige l'air de Henri,
Biribi,
Pour la façon de barbari,
Mon ami.
Sur mirliton fais un rapport:
La cour le trouve obscène.
Dénonce aussi Malbrouck est mort:
À sa grace il fait peine.
Sur-tout transforme avec éclat
La faridondaine
En crime d'état.
Donnons des juges sans juri,
Biribi,
À la façon de barbari,
Mon ami.
Biribi veut dire en latin
L'homme de Sainte-Hélène.
Barbari, c'est, j'en suis certain,
Un peuple qu'on enchaîne.
Mon ami, ce n'est pas le roi;
Et faridondaine
Attaque la foi.
Que dirait de mieux M
Biribi,
Sur la façon de barbari,
Mon ami?
Du préfet ce sont les leçons:
Tu les suivras sans peine.
Si l'on ne prend garde aux chansons,
L'anarchie est certaine.
Que le trône soit préservé
De faridondaine
Par le god save.
Substituons l'o filii,
Biribi,
À la façon de barbari,
Mon ami.