LA FORTUNE
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Tous mes amis, le verre en main,
De joie enivrent ma chambrette.
Nous n'attendons plus que Lisette:
Fortune, passe ton chemin.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Si l'on en croit ce qu'elle dit,
Son or chez nous ferait merveilles.
Mais nous avons là vingt bouteilles,
Et le traiteur nous fait crédit.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Elle offre perles et rubis,
Manteaux d'une richesse extrême.
Eh! Que nous fait la pourpre même?
Nous venons d'ôter nos habits.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Elle nous traite en écoliers,
Parle de gloire et de génie.
Hélas! Grace à la calomnie,
Nous ne croyons plus aux lauriers.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Loin des plaisirs, point ne voulons
Aux cieux être lancés par elle:
Sans même essayer la nacelle
Nous voyons s'enfler ses ballons.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.
Mais tous nos voisins attroupés
Implorent ses faveurs traîtresses:
Ah! Chers amis, par nos maîtresses
Nous serons plus gaîment trompés.
Pan! Pan! Est-ce ma brune,
Pan! Pan! Qui frappe en bas?
Pan! Pan! C'est la fortune:
Pan! Pan! Je n'ouvre pas.