LIVRE 3 ELEGIE 11
à m le vicomte de B-B.
Tandis qu' au séjour du tonnerre
dressant ton vol audacieux,
loin des limites de la terre
tu chantes la paix et la guerre,
assis à la table des dieux ;
moi, dans les bosquets d' Amathonte
malgré moi ramené toujours
hélas ! à célébrer ma honte
je perds les plus beaux de mes jours.
Souvent j' ai dit à ma maîtresse :
" c' est trop languir dans la paresse ;
" j' en rougis... tiens, séparons-nous ;
" va-t' en. " soudain l' enchanteresse
vient se placer sur mes genoux,
des deux mains à mon cou s' enlace,
et me donne, en versant des pleurs,
mille baisers pleins de douceurs,
de ma constance déjà lasse
trop sûrs, trop aimables vainqueurs
je cède ; et, reprenant ma lyre,
qu' elle court me chercher soudain,
je chante son regard divin,
son doux parler, son doux sourire,
les jeux, les amours, et le vin.