À La Lune.
O toi qui dans le vieux Paris,
Comme quelqu’un qu’on doit connaître,
Venais tout le long des toits gris
Me regarder par ma fenêtre;
Toi qui, du bout de tes rayons,
Répandais, veilleuse obstinée,
Tes pâles consolations
Sur le noir de ma destinée!
Soeur de la terre, astre charmant,
Loin des cités où l’homme est chiche,
Quels bons coins sous le firmament
Je te ferais, -si j’étais riche!
Que de bois profonds j’offrirais,
O lune, à tes pudeurs jalouses,
À tes ébats, que de lacs frais,
À tes langueurs, que de pelouses!
Oh! Les frais coteaux pour s’asseoir!
Oh! Le sable uni des terrasses
Où tu promènerais, le soir,
Tes pieds d’argent, aux blanches traces!
Comme, sans peur d’événements,
On verrait, en lueurs superbes,
Tout ton collier de diamants
S’égrener dans les hautes herbes!
Et comme tu pourrais encor,
À l’abri des vertes arcades,
Balayer, de ta robe d’or,
L’escalier bruyant des cascades!
-« Pauvre ami, dit l’astre aux yeux doux,
La plus chère de mes retraites
Est encor le crâne des fous,
Ou la cervelle des poëtes!... »