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 Louis Bouilhet. (1822-1869) Le Navire.

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MessageSujet: Louis Bouilhet. (1822-1869) Le Navire.   Louis Bouilhet. (1822-1869) Le Navire. Icon_minitimeSam 21 Avr - 17:39

Le Navire.

Autour du noir vaisseau sous les cieux voyageant,
Le Vesper répand l’ombre avec la rêverie;
Et, comme un laboureur, la lune au soc d’argent
Creuse d’un blanc sillon les vagues d’Étrurie.

La voile aux plis nombreux tombe sur les haubans;
À peine un léger souffle au loin frémit encore.
Tout se mêle et s’efface, et, courbés sur leurs bancs,
Les rameurs, dans la nuit, frappent le flot sonore.

Tout à coup par les airs un doux bruit a passé
Comme une voix de femme, harmonieuse et belle.
Est-ce un cri d’alcyon sur l’écueil balancé,
Ou quelque écho lointain des fêtes de Cybèle?

Brûlant comme l’amour, joyeux comme l’espoir,
Le chant roule, emporté sur les plaines humides;
Et le nocher surpris, dans la brume croit voir
Bondir le choeur dansant des blondes Néréides.

Déjà la rame échappe aux mains des matelots;
On écoute, -et la voix, qui lentement soupire,
Dans son réseau sonore enchaîne le navire
Comme un filet subtil étendu sur les flots:

« Suspends, suspends ton vol, carène aux blanches ailes,
Qui vas rasant les flots amers;
Tout repose, et la nuit sème ses étincelles
Dans le voile ondoyant des mers.

« Vénus à l’horizon, sur un lit de nuages,
A dénoué ses tresses d’or;
Jetez l’ancre de fer à nos joyeux rivages,
Nautoniers, c’est ici le port!

« Entendez-vous la brise enivrante et lascive
Glisser après les feux du jour?
Et la vague frémir aux lèvres de la rive,
Comme fait un baiser d’amour!

« Venez! Doux sont nos chants et doux sont nos visages.
Les dieux marins aux cheveux verts,
Quand le soir, blanches soeurs, nous dansons sur les plages,
Tendent vers nous leurs bras ouverts.

« Venez! Si le destin dans le fond de vos âmes
Retourne l’aiguillon fatal,
À vous l’amour! à vous des caresses de femmes
Dans une grotte de cristal!

« À vous, tous les secrets que cherche en vain la foule!
À vous nos récits merveilleux,
Où des jours effacés l’histoire se déroule
Comme un tissu mélodieux.

« Ce n’est point aux palais dans le cercle des villes,
Que dort la molle volupté.
Elle aime les forêts et leurs dômes mobiles,
Où soupirent les nuits d’été.

« Elle aime les grands flots comme Vénus sa mère,
Quand, ouvrant l’océan vermeil,
Elle sortit un jour de son écume amère,
Nue et ruisselante au soleil.

« Ici, sous la colline, au doux bruit des fontaines,
Étendus sur des lits de fleurs,
Vous boirez chaque jour, aux coupes toujours pleines,
L’oubli du temps et des douleurs.

« Oublier! oublier! c’est la sagesse, au monde!
Aimer! C’est la loi des mortels.
C’est pour l’amour joyeux que sur la vague blonde
Pendent les riants archipels.

« Où t’en vas-tu si loin, carène aux blanches ailes?
L’ombre est propice sous les cieux;
Heureux qui vient dormir aux bras des immortelles!
Il se relève égal aux dieux! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un souffle impétueux entraînait le navire.
Il allait, il allait aux magiques îlots,
Comme va la colombe au serpent qui l’attire. --
Et les mâts s’inclinaient, et la rame en délire
D’elle-même frappait les flots.


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Louis Bouilhet. (1822-1869) Le Navire.
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