XIII
toute hypocrisie et tout arbitraire: il ne voulait
pas plus, comme il l'a dit lui-même, des fureurs
démocratiques que des iniquités féodales; des
brigands à piques que des brigands à talons rouges;
de la tyrannie des patriotes que de celle de la Bastille;
des priviléges des dames de cour que de ceux des
dames de halle. Il eût rougi de choisir entre
Coblentz et les jacobins. On le verra, au péril de
cette vie qui lui fut arrachée, s'offrir à défendre
Louis XVI; et quand la cause d'une grande infortune
lui parut sacrée, la plume qu'il lui prêta avait
tracé les plus fortes paroles qu'on ait écrites contre
cette résistance que le pouvoir monarchique voudrait
opposer à la juste liberté des peuples.
Cependant les événemens se précipitaient. Chénier
avait mérité la haine des factieux; il avait
célébré Charlotte Corday, flétri Collot-d'Herbois,
attaqué Robespierre; et Je procès de Louis XVI
vint réveiller la vengeance de ses puissans ennemis.
Après avoir épuisé, dans les journaux du temps, tout.
ce que la raison des ames généreuses pouvait avoir
de force pour faire changer les formes de cette
procédure, il proposa à M. de Malesherbes de partager
près du Roi les périls de sa tâche; et lorsque
la sentence mortelle fut prononcée, son dévouement
sembla redoubler.
On sait, que. le Roi avait demandé à l'Assemblée,
par une lettre pleine de calme et de dignité,