À la riviere de Seine.
Sur une inconstance.
Sonnet 11.
Beau fleuve, qui roulant d' une viste carriere
Dans l' humide canal dont tu veux t' enfermer,
Vas rendre le tribut que tu dois à la mer,
Où le soleil esteint les rais de sa lumiere.
Si le bruit de mes vers rend ton onde plus fiere
Quand je me plains à toy du mal qui vient d' aimer ;
Si j' ay pû sur tes bords tes naïades charmer,
Escoute les accens de mon humble priere.
Traversant le sejour de ma belle Cloris,
Reproche luy le mal que je souffre à Paris,
Depuis qu' un autre amant la tient sous sa puissance.
Mais, ô fureur d' amour ! Ma maistresse ! Et mon dieu !
Comment puis-je esperer des leçons de constance
De l' onde qui ne peut s' arrester en un lieu ?