Le bouquet du printemps.
Sonnet 30.
Enfin nous voyons luire une belle journée ;
Le soleil attisant ses plus vives chaleurs,
Fait éclatter les champs de diverses couleurs,
Et flatte le desir de toute chose née.
Allons voir ces thresors de la nouvelle année,
Rien ne me plaist au prix d' un gay tapis de fleurs,
Où l' aurore a versé le crystal de ses pleurs
Dés qu' elle a de Tithon la couche abandonnée.
Combien depuis un peu ces prez sont embellis !
Quel meslange de fleurs ! Que d' oeillets, et de lys !
Cueillons jusques à tant que nos mains soient lassées.
Mais, ô divin sujet de ma douce langueur,
Laissons-là ces soucis avecque ces pensées,
Amour n' en fait que trop éclorre en nostre coeur.