Le printemps avancé.
Sonnet 17.
Vous demandez pourquoy le ciel est sans nuage,
Pourquoy le jour paroist si brillant et si beau,
Pourquoy l' air esclaircy ne se fond plus en eau,
Et pourquoy ce grand calme apres ce grand orage.
Pourquoy ce bois s' anime et reprend son feuillage,
Pourquoy ces prez mourans renaissent de nouveau,
Pourquoy l' or et l' argent roulent dans ce ruisseau,
Et pourquoy tant d' émail enrichit ce rivage.
Ce n' est pas le soleil, ce n' est pas le printans,
Qui rendent ces beaux lieux tranquiles, esclattans,
Riches d' or et d' émail, couronnez de verdure.
C' est que Claudine y regne en si haut appareil,
Que ses yeux respectez de toute la nature
Font plus que le printemps, et plus que le soleil.