Reverie amoureuse.
Sonnet 60.
Dans ce bois plein d' horreur, de silence, et d' effroy,
Je trace mille pas d' une route incertaine,
J' y voudrois voir Cloris ma maistresse, et ma reyne ;
Et je n' y voy qu' amour mon seigneur et mon roy,
Les volages zephirs, ennemis de ma foy,
Y rafraischissent l' air du vent de leur haleine ;
Mais au lieu d' appaiser mon ardeur inhumaine,
Ils resveillent ma flâme, et se mocquent de moy.
En ce funeste lieu cette amante éplorée
Qui renouvelle encor le crime de Terée,
Découvre ses ennuis par ses tristes accens.
Mais au fort des douleurs dont elle sent l' atteinte,
Voyant son mal plus doux que celuy que je sens,
Elle arreste ses cris, pour entendre ma plainte.