La mort amoureuse.
Sonnet.
Que ces esprits boüillans qui cherchent les combats
Et du dieu des guerriers le mestier sanguinaire,
Courent aveuglement sur les murailles d' aire,
Pour achepter l' honneur qui suit un beau trespas.
De moy qu' un dieu plus doux ne précipite pas
Dans les gouffres ardans d' une mort temeraire,
Je suis avec raison le beau feu qui m' éclaire,
Et renonce aux lauriers qui naissent sous leurs pas.
Sophie est mon honneur, Sophie est ma conqueste ;
Ses mains de myrthes verds environnent ma teste,
Dés que je suis en flâme, elle brusle à son tour ;
Elle est mon amazone, et moy son Alexandre ;
S' il faut qu' en ce combat j' éternise ma cendre,
Grands dieux, foudroyez moy sur la bresche d' amour.