Confession amoureuse.
Sonnet 2.
C' est en vain que du coeur vous me voulez oster
La folle passion que je n' ose vous taire ;
Quoy que vostre conseil me semble salutaire,
Mon pere, je l' escoute, et ne le puis gouster.
Ce tyran des esprits qui me vient agiter,
Fait que j' espreuve en moy ce mal si necessaire ;
Qu' il n' est point de raison qui m' en puisse distraire,
Ny d' homme qui me fasse à ce dieu resister.
Je confesse avec vous que suivre de la sorte
L' aveugle mouvement d' une flâme si forte,
C' est un crime odieux dont je seray blâmé.
Mais advoüez aussi, mon pere, en récompense ;
Qu' aimer comme je fais sans pouvoir estre aimé,
C' est d' un peché si doux faire la penitence.