Sacrifice à un beau sein, sur un tableau de
Scevole, et de Porsenna.
Sonnet 69.
Ô toy qui sur nos coeurs exerces tes rapines,
Qui nous combles de joye et qui t' enfles d' orgueil ;
Ô d' un fleuve de lait ferme et mouvant escueil,
Beaux globes animez, belles fleurs sans espines.
Tertres delicieux, amoureuses collines,
Que ne puis-je sur vous rencontrer mon cercueil,
Afin d' ensevelir ma tristesse et mon deüil,
Et d' élever mon nom jusqu' aux voutes divines ?
Quoy que vos nobles feux ardans de toutes parts,
En repoussant mes mains, attirent mes regards,
Il faut qu' à vos beautez moy-mesme je m' immole ;
Qu' en vous voyant de pres je vous touche, ô beau sein,
Et que j' épreuve ainsi le destin de Scevole,
Qui pour moindre sujet laissa brusler sa main.