Sacrifice à Dieu.
Sonnet.
Apres les voluptez d' une flâme assouvie,
Accablé de vieux ans, et de nouveaux ennuis,
Je fuy les fraisles biens, ô monde que tu suis,
Et je n' ay plus pour toy ny d' amour, ny d' envie.
Grand dieu de mon salut, dont mon ame est ravie,
Je te donne mon coeur, c' est tout ce que je puis ;
Et mesprisant pour toy le sejour où je suis,
Je ne regarde plus que l' immortelle vie.
Tout ce qui me desplaist, c' est qu' en t' offrant mon coeur,
Je ne fay rien pour toy, mon Dieu, mon createur,
Que ce que j' ay cent fois fait pour la creature.
Mais elle n' eut de moy que par sa trahison,
Ou que par les erreurs d' une foible nature,
Ce qu' un âge plus mur vient t' offrir par raison.