PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Guillaume Colletet (1598-1659) Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne III.

Aller en bas 
AuteurMessage
Inaya
Plume d'Eau
Inaya


Féminin
Rat
Nombre de messages : 50031
Age : 63
Date d'inscription : 05/11/2010

Guillaume Colletet (1598-1659)  Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne III. Empty
MessageSujet: Guillaume Colletet (1598-1659) Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne III.   Guillaume Colletet (1598-1659)  Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne III. Icon_minitimeMar 26 Juin - 8:14

Hymne III.



En vain l' ardeur de nostre zele
Feroit d' une suite eternelle
Des actions de pieté,
Nos vertus n' esclateroient guieres,
Si parmy toutes ces lumieres,
Ne reluisoit la charité.
Il faut sur la terre où nous sommes
Que l' homme ait soin des autres hommes
Les plus sages vivent ainsi :
Qui rit de cette loy supresme,
Se revolte contre soy-mesme,
Et choque la nature aussi.
Quand l' homme du monde travaille,
Il ne fait jamais rien qui vaille
Si l' or ne reluit dans sa main ;
Et les disciples d' Hypocrate
N' ont point de plaisir qui les flatte
Comme l' esperance du gain.
Ceux dont la charité s' empare
Ne sont point d' une humeur avare,
Les thresors leur sont odieux ;
L' argent leur est moins que du verre,
Et ne sement dessus la terre,
Qu' afin de recueillir aux cieux.
Ha que le monde est miserable !
Il ne plaint jamais son semblable
De quelque mal qu' il soit surpris ;
Il le fuit, ou n' y prend pas garde ;
Ou si par fois il le regarde,
Ce n' est que d' un oeil de mespris.
La charité n' est pas de mesme,
Elle aime autruy comme elle s' aime,
Elle est sans fiel et sans ran-coeur ;
Quelque senteur qu' on luy propose,
Un fumier luy semble une rose,
Rien ne luy vient à contre-coeur.
On ne la void jamais retive,
Tousjours prompte, tousjours active,
Pleine de feu, pleine d' esprit,
C' est cette Marthe mesnagere
Qui va d' une course legere
Laver les pieds de Jesus-Christ.
Si la besace vagabonde,
Ainsi qu' une terre feconde
Nourrit tant de necessiteux ;
Charité, c' est ton efficace ;
Il n' est point de si froide glace,
Qui ne fonde aupres de tes feux.
Jamais de rien tu ne murmures,
Tout ce qu' on te fait tu l' endures,
Et rien ne choque ton desir ;
Ce que tu trames tu l' acheves,
Comme avec plaisir tu te leves,
Tu te couches avec plaisir.
C' est toy, favorable princesse,
Qui fournis avec allegresse
Ce qu' on ordonne aux langoureux ;
Tu les visites dans leur couche,
Et tu portes jusqu' à leur bouche
Ce qu' on a preparé pour eux.
Qu' un pauvre transi de froidure
N' ait que la peau contre l' injure
De l' hyver le plus irrité ;
Ta sainte ferveur le dégele,
Et luy donne avec un grand zele
Dequoy couvrir sa nudité.
Quand le malade dans sa couche
Ne se meut non plus qu' une souche,
Et veut changer d' air, ou de lieu ;
La charité d' une ame accorte,
D' un lict à l' autre le transporte,
Et le servant croid servir Dieu.
Qu' il ait la langue seiche, et fade,
Sa tisanne et sa limonade
L' humecte, et luy sert de ragoust ;
Et l' art avecque la nature
N' ont point d' exquise confiture,
Dont elle ne flatte son goust.
Que son mal croisse d' heure en heure,
Qu' il souspire, gemisse, et pleure,
Qu' à ses voeux les astres soient sours,
L' ennuy qu' elle en a le console,
Et n' est point de douce parole
Qu' elle n' employe à son secours.
C' est par elle que des familles,
Des hommes, des femmes, des filles,
De riche et noble extraction,
Préferent à leurs promenades
Le soin de servir les malades
Dans leur extresme affliction.
Parmy le sang, parmy l' ordure
Des corps soüillez de pourriture,
Tout est là si clair et si net,
Que les vaisseaux qu' on y contemple,
Passeroient pour vases d' un temple,
Ou pour meubles d' un cabinet.
Loin donc les riches edifices,
Ny leurs pompes, ny leur delices
N' entrent point en comparaison ;
Charité rien ne te seconde,
La pureté n' est plus au monde,
Ou bien elle est dans ta maison.
C' est là que tous nos sens respirent
Des douceurs que les fleurs inspirent
Quand elles parfument nos pas,
Douceurs d' autant plus agreables,
Que parmy ces maux deplorables
Nos sens ne les esperoient pas.
Tantost la charité s' esgaye
À laver, et penser la playe
Du pauvre honteux qui pâtit ;
Tantost à luy faire un breuvage,
Puis un ragoust qui le soulage
Et le remette en appetit.
Alors qu' une pierre endurcie
Se forme dedans la vessie,
Ou quand elle s' attache aux reins,
Elle la sonde, elle la tire,
Et guerit ce cruel martire
Par ses remedes souverains.
Enfin qu' une ame soit blessée
De quelque mauvaise pensée,
La charité la met dehors,
Et monstre dans ses saintes flâmes
Qu' elle a soin du salut des ames,
Comme de la santé des corps.
Mais si l' art n' a plus de remede,
S' il faut que le malade cede
Quand la parque fait son effort ;
Celle qui jamais n' y succombe
En pleurant le met dans la tombe,
Et le souspire apres sa mort.
Si Saint Jean trouva des delices
À pratiquer ces exercices,
Pleins de zele et de pieté ;
Ses enfans suivent son exemple,
Et font esclatter dans son temple
Les flâmes de sa charité.
Revenir en haut Aller en bas
 
Guillaume Colletet (1598-1659) Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne III.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Guillaume Colletet (1598-1659) Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu Hymne II.
» Guillaume Colletet (1598-1659) Hymnes du bien-heureux Jean De Dieu
» Guillaume Colletet (1598-1659) Hymne de l' imprimerie 1627. Au roy.
» Guillaume Colletet (1598-1659) L' heureux jour.
» Guillaume Colletet (1598-1659) Sacrifice à Dieu.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: